UNIVERSITÉ POPULAIRE DE GRENOBLE

Annonce de l’inauguration de la saison

La saison 6 (2011-2012) mitonne à petits feux. Elle s’intitulera sobrement : Un temps pour comprendre. Nous inaugurerons la nouvelle saison le 16 novembre 2011 par un pot de l’amitié que précèdera la présentation générale de l’année. Il sera question de monnaies solidaires, de ce qui n’a pas de prix, de Lacan, de financements éthiques, des échanges de valeur avant l’invention de la monnaie, de la bourse ou la vie, de la pudeur, etc. À l’heure où tant de puissants intérêts voudraient que l’urgence et la peur gouvernent nos conduites, que la joie nous quitte, nous prendrons le temps, le temps de la lecture et du goût des textes, et tenterons de conjuguer le sérieux avec un peu de légèreté. Bref, nous chercherons à respirer.

Un peu de joie, de convivialité et de modestie (discours d’ouverture)

Je vais aborder brièvement deux points qui vont me permettre de continuer à expliciter ce qu’est notre projet d’université populaire. C’est un travail de formulation et reformulation mené sans relâche depuis maintenant 6 ans. Je pense que le tableau qui progressivement se dessine doit être assez « moderne », coloré, avec de grands à-plats de couleur se recouvrant partiellement, dans un joyeux bordel.

1. Ce que l’Université Populaire de Grenoble essaie de transmettre. Ce que je vais prendre par le bord : ce que nous ne voulons pas transmettre ! Et qu’un petit livre paru aux éditions du Pommier me semble nous indiquer. Il est intitulé Climat : le vrai et le faux. C’est probablement un titre d’éditeur, mais l’auteure que j’ai eu l’occasion d’écouter à la radio, peut-être sous la contrainte de ce titre, paraît se couler dans le tranchant ce cet intitulé. Il n’y avait pas beaucoup de place en effet pour l’incertain, le doute, l’incompris, ce qu’on ne sait pas, ce qu’on espère savoir, ce qu’on ne peut savoir, ce qui reste et que la science ne peut jamais épuiser, parce qu’elle est tout simplement limitée. Ce « reste » qui implique un peu de prudence, et parfois, le silence. Il y avait place en revanche pour une expression étrange : “ les faits montrent que ... ”. Étrange dans la mesure où elle évacue l’opérateur. Les faits ne flottent pas dans l’éther où il s’agirait juste de les pêcher. Les faits sont construits. En se restreignant à ses seuls contenus scientifiques, la science produit des théories, des hypothèses, des erreurs et ces fameux faits. Un exemple que j’aime beaucoup, c’est celui de l’os de bassin de la baleine. Armé de sa théorie des analogues qui postule l’unité de composition anatomique des vertébrés et des articulés, l’un des plus grands anatomistes du XIXe siècle Geoffroy de Saint-Hilaire reconnaît en lui un bassin, alors que cet os était jusque là placé en un tout autre endroit du squelette de la baleine. Il ne « voit » donc pas cet os, il le « reconnaît », grâce à sa théorie nouvelle. Il n’y aura donc pas dans notre université populaire de : « voilà le vrai et voilà le faux », « les faits montrent que ». Si j’adoptais une position morale, je dirais : ces propos sont symptomatiques d’une science immodeste ou arrogante. Mais ça n’a pas beaucoup d’intérêt. Je trouve surtout que cela nous indique, intriquée dans la science, une pensée je crois magique : l’obscurantisme n’est pas qu’extérieur à la science. Mais je ne sais pas ce que vous en pensez.

2. Ce que l'Université Populaire désire partager. Il semble que de puissants intérêts cherchent à faire que la peur devienne une vision du monde. Qui est strictement proportionnelle à la nécessité de rassurer les marchés. Une peur sans fin et sans fond, puisque il s’agit ainsi que nous l’explique l’anthropologue Jordon de rassurer des ordinateurs, des robots : 70 % des cotations aux États-Unis sont réalisées automatiquement par des logiciels informatiques. Face à cette peur et la brutalité des politiques menées qu’elle révèle, la « République des idées » a récemment organisé à Grenoble un forum intitulé « refaire société ». Je retiens le propos d’un philosophe Patrick Viveret sur des valeurs qui résonnent peut-être de manière désuètes mais dont il a argumenté des enjeux politiques qu’elles recelaient pour subvertir le néolibéralisme : la convivialité, la joie, la lenteur, l’amour ; et que de très nombreux mouvements, dans le monde entier, essayent de conjuguer avec une grande inventivité. Ces mouvements sont certes plus des symptômes que des solutions politiques. Mais dire que ces valeurs ne sont pas que de l’ordre de l’intime mais sont aussi politiques, essayer de les faire vivre de manière conséquente pour chacun, par des actes concrets, me semble constituer déjà en soi un acte non négligeable. Nous espérons que l’Université Populaire de Grenoble soit un lieu convivial.

laurent dartigues, le 18 novembre 2011

L’UPOP prend ses quartiers d’hiver

Nous vous souhaitons, à toutes et à tous, un joyeux Noël. Que les fêtes de fin d’année vous soient douces et agréables.

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